Troisième épisode de la saga...
En ce 4 août, jour nouveau, le ciel est gris, à l'image des pensées du jeune stagiaire, et les murs sont blancs chez Jacob Holm Industries (Germany) GmbH, à l'image des pages du rapport de ce même jeune stagiaire...
Ulli est sans doute arrivé un peu plus tôt, travaillant dur afin d'affirmer sa houlette sur sa nouvelle entreprise. Son arrivée précoce lui permet depuis quelques semaines de se retirer un peu plus tôt en fin de journée. Il n'imagine cependant pas les discussions de ses collègues à ce sujet…
En effet, son « Ich ziehe mich aus, schönes Abend, bis Morgen! » [NdT: Je m'en vais, bonne soirée, à demain !] désormais habituel résonne dans les bureaux peu après les quatre coups de 16h, et vaut quelques remarques dans son dos : Ramona, elle pourtant jadis si joyeuse, s'étonne de voir partir son nouveau chef avant tous les autres membre de l'équipe. Même le stagiaire, qui regarde Ulli s'en aller avec des yeux humides et envieux, est encore là ! Il est vrai qu'il lui arrive plus souvent d'arriver après tout le monde… Toujours est-il que, du temps d'André, celui-ci partait systématiquement après tout le monde, s'attirant les compliments de ses collègues voyant en lui un travailleur inébranlable et exemplaire manager d'entreprise… Ce qui leur faisait oublier son arrivée tardive au travail – due, sans doute, à quelque aventure sentimentale d'une soirée…
Effectivement, ce célibataire endurci [NdR : quelques détails ont étés ajoutés pour la beauté de l'histoire et pour combler l'ignorance des susdits détails], construisant sa maison de ses mains et négociant ardûment sa connexion téléphonique pendant les heures de travail, n'a pas, à la connaissance du jeune stagiaire, de relation durable. Les histoires les plus ardentes et enflammées peuvent alors courir dans les têtes, mais ne sortent jamais des bouches par respect pour cette personne exemplaire.
Ces histoires sont loin d'être freinées par son comportement singulier vis-à-vis de ses collègues, dont cinq sont des femmes. Lors d'une discussion générale – souvent limitée à un monologue respecté par toute l'audience – il lui arrive de regarder ses « interlocuteurs », passant rapidement de l'un à l'autre, s'arrêtant sur un détail de la tapisserie blanche immaculée, puis reprenant ses regards vifs pour maintenir son public en haleine. Il ne regarde cependant jamais la pauvre Anita !
Celle-ci, parmi les plus jeunes de ses collègues, toujours prompte à rire d'une remarque, à glisser un commentaire joyeux dans la discussion, peut discuter avec André, échanger plusieurs phrases, mais le regard de celui-ci reste invariablement fixé sur un point au loin, derrière la tapisserie blanche et immaculée de la salle de réunion [NdR : dans laquelle sont pris les repas et le café]… De là à imaginer une relation cachée ou perdue entre les deux interlocuteurs, il n'y a qu'un pas [NdR : que j'ai volontiers fait pour le bien de mon histoire]. Qui eût cru que, dans une région si hostile, perdue au milieu des Monts Métallifères à la frontière de la République Tchèque, une telle histoire naquît ?
On ne sait pourtant rien de cette relation. Est-elle seulement réelle ? Ou bien est-elle uniquement le fruit de l'imagination d'un cerveau n'ayant d'autre occupation que d'imaginer des histoires afin de distraire ses amis et d'arriver à 1664 mails en 2 mois ?
Seul l'avenir nous le dira…
Le jeune stagiaire vous remercie de votre attention tout au long de cette saga, il essaiera de faire aussi bien quand il sera devenu un jeune Diplomarbeiter [NdT : Projet de fin d'étudeur], mais pour cela il faudra encore patienter une douzaine de mois !
[bon, après coup d'oeil, c'est pas très lisible comme article, mais je vous assure que quand on est en stage et qu'on travaille plutôt moins que plus, ça fait plaisir quand même.]